I / Biographie :
1 / L'enfant des îles
La
jeune HAJIME Chitose est née à Kagoshima métropole du sud
de Kyushu (au sud). Mais Chitose est originaire de l'île d'Amami dans l'archipel
d'Okinawa (les îles les plus au sud du Japon -heureusement que j'ai une
carte détaillée du japon-). L'île d'Amami est de petite
taille, et Chitose vient d'un petit hameau d'une cinquantaine d'habitant, il y
a environ 200 km de mer entre Amami et Kagoshima. Au Japon, les îles d’Okinawa
représentent l'exotisme à l'état pur ; les okinawais parlent
avec un accent et un langage légèrement différent de celui
du continent. Chitose a vécu une enfance simple mais heureuse en prenant
plaisir des choses qui l'entourent.
Dès son plus jeune âge, elle
apprit à jouer du Sanshin. Le Sanshin est un instrument à 3 cordes,
sorte de luth, similaire au Shamisen. La différence des deux instruments
étant la peau recouvrant l'instrument, le Shamisen est en peau de chat,
tandis que le Sanshin est en peau de serpent (ce qui fait varier le son plaintif
de l’instrument).
Parallèlement à cet apprentissage, les femmes
du hameau ont appris à Chitose le "Shima uta" (shima = île,
uta = chant). Ce chant est bien typique des îles car utilisant la technique
de "l’Uragoe" (ura = envers, koe = voix, koe devient goe quand il est inclu
dans un mot, donc = voix de tête) qui consiste à faire vibrer les
cordes vocales supérieures du larynx. Il en résulte une voix tremblante
oscillant en permanence sur un ton aigu ou grave. Cet apprentissage fait, Chitose
n'est pas encore consciente qu'elle possède un héritage culturel
riche pour son avenir. Mais bien que s’intéressant au chant, elle poursuit
des études classiques pour devenir coiffeuse. Les études ne l'ont
pas empêché de participer au concours de chant folklorique d'Amami.
Et c'est un succès, Chitose remporte le premier prix. Une grande chaîne
TV est également là pour retransmettre le concours à la télévision
(le Tonight TV show). C'est à ce moment qu'un label de musique propose
à Chitose de signer un contrat. Mais étant "terre à terre",
Chitose préfère refuser et continuer dans sa filière d'études.
Chitose prépare alors ses valises et débarque à Osaka (sur
Honshu) pour passer professionnelle dans le milieu de la coiffure. C'est là
qu'arrive l'incident qui nous a permis de connaître Chitose…
2 / Renversement de situation
La
jeune Chitose, femme des îles naturelles, se découvre être allergique
aux produits chimiques utilisés dans la coiffure. En effet, son rêve
de devenir coiffeuse s’effondre car elle ne peut pas utiliser de produits chimiques
à appliquer aux cheveux. C'est alors qu'avec nostalgie, elle se souvient
de sa passion latente du chant appris par les femmes d'Amami. C'est donc à
19 ans qu'elle décide de partir pour la capitale, Tokyo. Mais à ses
débuts, Chitose n'a pas le style et l'originalité que nous lui connaissons.
Alors pour se lancer, elle signe chez un label indépendant "Augusta
record". Son premier album indies sort en mars 2001 portant son nom. L'album
est un recueil de chansons en anglais pour la majorité puisque ce mini
album rassemble que des reprises (Jimi HENDRIX, Carole KING,…). Chitose n'a pas
encore son style personnel, il s'agit juste d'un essai pour s’auto-estimer.
Le
succès étant moyen mais existant, Chitose prépare quelques
mois plus tard (août 2001) son second mini album indies, c'est "Kotonoha".
Il n'y a aucune reprise chaque chanson est nouvelle, mais Chitose n'écrit
pas les textes, elle a un parolier (et ami) qui retranscrit en mots ses sensations.
En effet, contrairement à la majorité des groupes japonais qui parlent
de la dure vie japonaise ou de l'adolescence, Chitose innove dans une fraîcheur
rare. Ces chansons ont pour thèmes, l’émerveillement des choses
que nous offre la nature, le bonheur du contact humain, le sentiment de joie et
tristesse ou encore la nostalgie de la vie tropicale à Amami. De plus,
le style n'est pas axé sur une pop électronique comme il est d'honneur
au Japon. Chitose préfère utiliser un fond musical simple avec de
vrais instruments (comme le Shamisen, Shinsen, jumbe,…). Le style oscille entre
relax pop et reggae, un son agréable et détendant, empli d'exotisme.
Après ce second mini album réussi, Chitose signe donc en major avec
une grande entreprise, Epic record. L'heure est alors au premier single "Wadatsumi
no ki" véritable hit se vendant à plus de 800.000 exemplaires
et restant longtemps dans les charts de l’Oricon.
Face à se succès,
Chitose produit un autre single "Kimi no omou", enfin son premier album
paraît, c'est "Hainumikaze". Véritable hit au japon. Les
japonais sont alors dans une nouvelle vague de fraîcheur alliant modernité
et tradition. Cet album lui vaudra le prix du "best album" au Nihon
record Tashô (équivalent de nos victoires de la musique).
3 / Tradition et modernité
C'est
ce qui a produit la révélation qu'est le chant de Chitose. Sur une
rythmique pop, reggae ou plus speed (comme pour "Humming Bird), Chitose y
associe son chant traditionnel. D'ailleurs, depuis Chitose d'autres artistes se
lancent dans cette expérience tradition-modernité (comme Hitotoyo
par exemple). Mais il ne faut pas y voir là un aspect commercial, certes
les disques de Chitose se vendent bien, mais plus que cela, Chitose correspond réellement
à l'image véhiculée par sa musique. D'ailleurs, Chitose n'est
jamais maquillée, elle reste naturelle et fraîche, également
elle chante pieds nus toujours vêtue d'une grande jupe. C'est-à-dire
à l'inverse des pop idols qui sont très maquillées, très
tendances, avec des vêtements mettant en valeur leur silhouette. Le naturel
qualifie donc bien la belle Chitose. Elle n'est pas relookée ni remodelée
pour plaire, Chitose est telle qu'elle est, une jeune femme du sud. C'est donc
cette osmose parfaite entre sa personne et sa musique qui plaît au Japon,
le grand retour aux traditions et au naturel (bien que le mouvement pop idol
soit toujours bien élancé).
Chitose étant dès lors
une artiste reconnue, elle va sortir un troisième single "Kono machi"
en novembre 2002. D’ailleurs ce single sera utilisé pour le générique
de "Manten" de la chaîne NHK. Vient ensuite un autre single "Sen
no yoru to sen no hiru" (juin 2003) après de long mois d'absence.
Ce single est une coproduction avec le groupe de New Age français "Deep
Forest" (très bon groupe par ailleurs). Ce même single sera
utilisé pour une campagne promouvant du thé. C'est donc par ces
travaux avec des groupes étrangers et l'utilisation de chansons pour des
chaînes nationales que Chitose va se faire connaître de manière
internationale. D'ailleurs, depuis Chitose s'est donnée en concert à
Tokyo, et compte venir en France pour travailler avec Deep Forest de nouveau (elle
avait déjà travaillé avec Deep Forest pour la chanson "Rinto
suru" du single "Kono machi" en novembre 2002). Son originalité
fait même parler d'elle en France puisque le journal "Le Monde"
lui a consacré un article en 2003 au moment de la sortie du single "Kono
machi".
II / Discographie:
1 / Singles
Tous ces singles sont édités par Epic Record en major, puisque en indies Chitose n'a sorti que deux albums mais pas de single.
- Wadatsumi
no Ki [ESCL-2289] - (06/02/2002)
- Kimi no Omou [ESCL-2307] - (22/05/2002)
- Kono machi [ESCL-2345] - (07/11/2002)
- Sen no yoru, sen to hiru [ESCL-2725] -
(11/06/2003)
- Itsuka kaze ni naru hi [ESCL-2411] - (13/08/2003)
- Katari tsugu koto [ESCL-2750] -
(23/11/2005)
- Haru no katami
[ESCL-2820] - (08/03/2006)
- Ao no requiem
[ESCL-2825] - (03/05/2006)
- Anata ga Koko ni Ite Hoshi / Miyori no Mori [ESCL-2991] - (22/08/2007)
- Hotaru Boshi [ESCL-3080] - (02/07/2008)
2 / Albums
Indies :
Deux albums sont sortis sous un petit label indépendant (Augusta Record), c'est ce que l'on appelle les indies. Ce n'est qu'une fois reconnue qu'elle fera son entrée chez Epic Record.
- HAJIME Chitose [TGCS-1096] - (10/03/2001)
- Kotonoha [TGCS-1190] -
(01/08/2001)
Major :
Premier album en major (dans une grande boite d'édition : Epic Record) de Chitose.
- Hainumikaze [ESCL-2320]
- (10/07/2002)
- Nomad Soul [ESCL 10003] - (03/09/2003)
- Fuyu no hainumikaze [ESCL-2570]
- (04/08/2004)
- Hanadairo [ESCL-2830] - (10/05/2006)
- Fuyu no hainumikaze [ESCL-2570]
- (04/08/2004)
3 / Conclusion
Il peut paraître dur d'estimer à quoi ressemble la voix
de HAJIME Chitose par des explications techniques mais pas très parlantes.
Le meilleur moyen est de se procurer un de ses singles pour écouter. Car
il est vrai, la voix de Chitose utilisant le "Shima uta" est telle que
soit on adore ou on déteste, mais on ne reste pas indifférent.
Son chant peut (légèrement) faire penser au chant traditionnel arabe,
c'est-à-dire où la voix tremble dans des tons aigus et plaintifs.
Le seul bémol dans la carrière de Chitose étant que, depuis
quelques temps, il a été reproché à Chitose de ne pas
se renouveler, le public nippon trouvait que toutes ses chansons se ressemblaient.
Mais cela est passé avec l'arrivée de "Kono machi" contenant
une chanson très rythmée (Humming Bird) puis du single "Itsu
kaze ni naru hi" chanson avec des instruments très traditionnels suivie
d'une chanson "Sanpo de susume" très country et entraînante.
Par ces efforts, Chitose nous prouve qu'elle peut se renouveler et que son charme
opère toujours.
Bref, je vous conseille à tous sans exception
d'écouter au moins une fois ce genre de chant japonais unique au monde
(c'est le cas de le dire). Depuis, Chitose, compte pour moi parmi une des artistes
japonaises les plus originales. Donc mot de la fin : écoutez au moins une
fois le chant de la belle sirène d’Okinawa.