À peine plus de 7 mois après son précédent album, The Voice, KOKIA sort son nouvel album "Fairy dance - Kokia meets Ireland". En gros, KOKIA a fait un voyage en Irlande et a beaucoup apprécié le pays et la musique. Elle a alors fait une demande à des musiciens locaux de s'associer à elle pour faire ce CD. La rapidité de sa composition et de sa sortie réside dans le fait que l'album est relativement court (8 pistes pour 34 minutes) et qu'elle s'est fait beaucoup aider (comparé aux autres albums où elle composait presque tout) tant pour la composition que pour le choix des chansons. En effet, cet album regroupe presque uniquement des chansons chantées en anglais ou en irlandais reprises de versions déjà existantes. Mais nous ne sommes pas ici pour juger si KOKIA fait le bon choix de chanter des reprises, nous sommes juste ici pour dire si elle le fait bien.
"Lydia~Fairy Dance". Mon dieu… Quel est cet effet ? KOKIA chante enfermée dans les toilettes ? Non, je plaisante. Cet effet de réverbération fait un peu bizarre au début mais apporte sa petite touche, bien que non nécessaire à mon goût. L'effet donne un petit côté angélique à sa voix. La chanson, entièrement en irlandais, nous plonge dans l'ambiance celtique par son instrumentation et la langue même. Elle commence directement par la mélodie principale, accompagnée par une guitare et plus tard par des percussions légères et des violoncelles. Parfois une autre voix de KOKIA vient chanter par dessus, l'effet de canon est agréable. La chanson est légère, joyeuse, entraînante. Le refrain ne casse rien dans le genre, les couplets sont plus aboutis à mon sens. Ce n'est certainement pas son plus grand tube mais la chanson reste néanmoins très agréable à écouter.
"Song of pocchong ~Shizuku no uta" (n°2). Que dire… On connaissait déjà ce titre par The Voice. Cette fois-ci, KOKIA l'a transformée (mais seulement dans l'instrumentation, la mélodie et les paroles restent strictement les mêmes) de manière à ce que l'impression de "clairière d'une forêt asiatique" soit transformée en "clairière irlandaise." De ce côté, c'est réussi. Fini les effets délirants, les percussions, le bâton de pluie… Tout cela est remplacé par des tambours irlandais, une guitare classique et un flutiau. Pour moi, la chanson perd son côté magique et sa profondeur, elle est devenue "nue". La ballade reste agréable à écouter et l'ambiance irlandaise est parfaitement recréée mais cela au détriment de l'originalité. Le tout reste cohérent et joyeux. Seul le final avec plusieurs voix et instruments interposés ressort du lot. Une jolie ballade sympathique, voilà ce qu'on peut en dire.
"Kanashikute yari kirenai" (n°3) nous change de style. Moins joyeuse et enjouée que les deux précédentes sans pour autant tomber dans la déprime, cette chanson impose son style plus intimiste. Les 50 premières secondes sont trompeuses, on s'attend à une chanson calme, mélancolique, puis tout d'un coup, le rythme lent à la guitare est remplacé par une mélodie plus joyeuse à l'accordéon. KOKIA chante une jolie mélodie en japonais, nous revenons à du KOKIA plus classique sans pour autant quitter l'Irlande. Les couplets ont une mélodie très douce et porteuse, la chanteuse nous emmène de sa douce voix accompagnée de la guitare et, parfois, de la flûte. Au refrain, KOKIA monte plus haut et chante plus intensément (surtout au final) pour le plus grand plaisir de notre cœur et de nos oreilles. Cette très belle chanson se laisse vraiment écouter. Je pense que c'est une des meilleures de l'album car on reconnaît le style de KOKIA, elle a très bien réussi à adapter sa "couleur" à la tendance irlandaise sans dénaturer son propre style.
"Black is the colour" (n°4) est une chanson d'un auteur inconnu, dont les traces remontent jusqu'en 1912. On l'attribue à un irlandais car il est fait référence de la Clyde, fleuve irlandais. C'est une chanson d'amour en anglais reprise moult fois, pouvant s'adresser à un homme (en parlant d'une femme) ou inversement. La popularité de ce titre en fait une chanson épineuse à chanter. Pour parler de la chanson, KOKIA a choisi de parler d'une femme (donc la chanson s'adresse à un homme). Dès les premières notes, on reconnaît d'emblée le style irlandais inimitable dans son genre, aux violoncelles et à la flûte. De douces et discrètes percussions agrémentent le tout. Aux couplets, il ne reste qu'une guitare pour accompagner la chanteuse. KOKIA commence à chanter… C'est un pur bonheur. La chanson se veut intimiste, les couplets sont simples mais incroyablement émouvants. Même quand elle y chante haut, KOKIA prend garde à ne pas mettre trop de puissance pour ne pas briser la tendresse de son chant. Le petit intermède musical au milieu nous permet de souffler et de nous remettre de l'émotion. Avant de repartir de plus belle. Je dois dire que ça faisait longtemps qu'une chanson ne m'avait pas fait pleurer, c'est chose faite. Cette chanson, bien que pas si exceptionnelle que ça, est magnifique de simplicité. Un très beau titre dans cet album.
"Soshu yakyoku" (n°5), comme dans la précédente, le style irlandais est très marqué au début. Bien que cela change lorsque KOKIA chante en japonais seulement accompagnée de la guitare. Les couplets sont beaux bien que pas extrêmement originaux. Le refrain, beaucoup plus irlandais dans le genre, ne casse rien non plus. Il n'y a pas grand chose à dire. C'est une sympathique ballade en japonais dans le style irlandais. Agréable à écouter, ce titre est un des moins originaux de l'album.
Passons à "Siuil a run" (n°6), chantée en irlandais et en anglais. KOKIA commence directement la chanson en chantant haut usant de son potentiel vocal pour commencer originalement. L'instrumentation est moins "excentriquement irlandaise", elle est rythmée à la guitare et à la flûte. La mélodie nous emporte dans le paysage folklorique irlandais. Le refrain ne crée pas de rupture, il se fond bien dans la tendance de la mélodie. Je n'arrive pas à savoir si c'est un homme qui chante en arrière-plan avec elle ou si c'est sa propre voix pitchée dans les basses. La chanson suit son cours, c'est très agréable. KOKIA monte dans les notes sans dévoiler trop de puissance, tout comme dans "Black is the colour". La chanson se termine en fade out. Une bonne chanson.
"Sono mama de ii~be as you are" (n°7) est chantée plus loin du style irlandais (exception faite du final) mais sans le quitter, à la guitare, tout en japonais. La guitare est entraînante dans les couplets, on se laisse facilement emporter par la mélodie. Au refrain, qui lui aussi se fond dans la chanson, l'effet de double voix est très agréable. Un très bon titre entraînant, dans le même style que "Soshu yakyoku" en beaucoup plus abouti.
Passons à la dernière piste (déjà !), "Taimse im Chodladh". Cette chanson est entièrement en irlandais. Elle commence doucement, a cappella au début, avec un effet cathédrale, puis en voix double, accompagnée d'un instrument bas. C'est tout doux, tout calme, intime. Des cornemuses enchaînent un interlude. La chanteuse reprend. C'est beau, parfaite chanson pour terminer l'album. Un adieu à l'Irlande, une douce fin. KOKIA nous offre des notes élevées. C'est beau, c'est pur.
Voilà… C'est déjà fini. Un bon album malheureusement trop court. Pour conclure, je dirais que KOKIA s'est essayée au style irlandais sans se brûler les ailes. Elle s'éloigne parfois trop de son propre style mais il en ressort quelque chose d'intéressant. Donc merci KOKIA pour cet album réussi, nous avons été emportés.