Second
travail entre Takeshi Kitano et Joe
Hisaishi, Sonatine peut se vanter d'être celui qui donna naissance
à 3 des meilleures mélodies que Joe composa le long de sa carrière (les 3 premières pistes). Parfois
inquiétantes, parfois délirantes ou même majestueuses, les
compositions de Sonatine ont le mérite de véritablement "coller"
à Kitano. Pas étonnant que ce film représente
le meilleur souvenir de Joe passé avec Kitano.
Le thème est un exemple flagrant de l'osmose parfaite entre le réalisateur
et le compositeur. Le piano, répétitif et angoissant (rappelant
brièvement le piano de L'Exorciste), est vite rattrapé par des sonorités
composées au synthétiseur, exprimant un désir certain d'illustrer
musicalement la personnalité du yakuza interprété par Kitano : nerveux, impassible et insouciant à la fois. Le côté répétitif
de ce thème est d'autant plus nécessaire que la narration circulaire
de Kitano est plus que présente dans Sonatine.
La piste 2, "Light and Darkness"
est la plus calme de l'album. Mais cette pause musicale, située juste après
le "coup de poing" que représente le thème, n'est pas
si calme qui n'y paraît. Le piano représente ici les émotions
latentes et froides d'un homme blazé par sa vie actuel, en équilibre
entre obligations et désir personnel…
Et la piste 3 fut ! "Play
on the Sand" est le plus beau morceau de Sonatine, illustrant évidemment
la plus belle scène du film ; scène où les yakuzas, se réfugiant
dans une maison perdue au bord de la mer, se mettent à jouer sur la plage
comme de vrais enfants. Le morceau commence par des percussions régulières
donnant le rythme, accompagnées par un piano ponctuel et irrégulier.
C'est alors que la mélodie démarre, au bout de quelques secondes.
Des percussions supplémentaires se font alors entendre et deviennent
de plus en plus présentes, avec les sonorités d'une guitare traditionnelle
jouant la mélodie très hypnotique de "Play
on the Sand". Le piano, plus que présent, exprime ses sonorités
tout les 4 ou 8 mesures, s'effaçant temporairement pour laisser place à
des chœurs traditionnels. Vers la fin de cette fabuleuse piste (véritable
champ d'investigation musical), les différentes sonorités laisseront
libre cours à leurs ébats musicaux dans une symphonie parfaitement
accordée. Ce morceau est tout simplement, d'un point de vue uniquement
personnel, le plus fascinant que composa Joe dans
sa carrière.
"A on the Fullmoon of
Mystery", en 5ème position, est une très belle piste,
où règne cependant un sentiment de préoccupation. Le piano,
accompagné d'une légère sonorité au synthétiseur
et d'un tempo très lent, est ensuite accompagné par des percussions
accentuant le "mystère". Cette piste illustre un passage comique
où le yakuza Murakawa se moque de ses hommes en creusant des pièges
dans le sable. Cette piste exprime parfaitement l'insouciance apparente du personnage
joué par Kitano.
Autre morceau intéressant,
"Eye Witness", piste 9, est la plus
traditionnelle de toute. Les cordes japonaises jouent la mélodie, accompagnées
par des percussions régulières et d'autres sonorités toutes
aussi recherchées. Une voix finit par se manifester, accentuant le côté
traditionnel, sans oublier le côté moderne, dû aux consonances
de cette voix retravaillée à l'ordinateur. Il
est donc clair que cet album reste incomparable, tant sa composition est différente
des autres. Le thème du film revient donc très souvent, et d'autres
semblent venir d'ailleurs, comme en témoigne Moebuis Band, faisant réellement
penser aux sonorités utilisées pour Nausicaä de la vallée
du vent.
Conclusion : cet album vaut véritablement le détour (malgré le visuel de la version française : affreuse), ne serait-ce pour le thème du film, inégalé dans sa forme. Attention en outre à un détail : certains sites peu scrupuleux (copiant mutuellement leurs conneries) on tendance à parler de "Sonachine" comme titre original, ce qui est archi-faux.