Ce
CD est très particulier, la musique pourrait sembler chaotique à
des oreilles non averties ! Percussions diverses et chœurs s'entremêlent…
Mais cette bande originale, s'inspirant beaucoup de la musique traditionnelle japonaise, est, en fait, un petit bijou d'ingéniosité (la preuve en est la fameuse polyphonie,
track 4, "Tetsuo"), très au point et vraiment intéressant. Toutes
les musiques le sont (sauf peut-être la n°9, "Illusion",
que j'apprécie moins). Et au sommet
de cette montagne, que dis-je, de ce chef-d'œuvre de la musique nipponne, on
trouve le "Requiem" (n°10)
que j'affectionne tout particulièrement, il est dédié à
Tetsuo et à Akira. On remarquera que dans cet OST, Tetsuo est beaucoup
plus important que Kaneda (pourtant héros dans le film), ce détail permet également de mieux savourer l'œuvre dans son intégralité
(film/musique). Malgré cela, on sait que la musique japonaise
n'est que peu appréciée en Occident, il est d'ailleurs plus fréquent qu'on me dise "bof !" ou alors "tu ne veux pas me mettre ça
à la place ?". Enfin bon, tout ça pour vous dire que j'adore ce CD,
quoi qu'en dise la majorité !
Attention, nous allons aborder la critique d'un album hors du commun, je vous préviens tout d'abord qu'il ne faut pas s'attendre à un CD classique avec j-pop, slow, classique… Non ici, c'est l'atmosphère créée par la musique qui provoque quelque chose en nous. En effet, il n'y a que 10 pistes mais certaines sont longues, et sont d'ailleurs de véritables chef-d'œuvres, mais je vous préviens, il faut aimer le style (percussions, musiques d'ambiance, sensations étranges…).
Première piste, "Kaneda",
tout débute sur une sorte de déflagration qui s'ensuit de percussions
rythmiques japonaises. À chaque fois les percussions s'accumulent pour une harmonie
parfaite entre chaque élément. Vers le milieu du morceau, des chants
interprétés par des chœurs masculins s'ajoutent à cette
œuvre de percussions. Les chants incantés semblent être comme des
chants indiens (d'Amérique), puis un grand bruit… C'est la seconde
piste qui commence.
"Battle against clown"
est composée de percussions mais rapidement recouverte par des murmures.
Au final, ce morceau est rejoint par une petite mélodie douce à
peine percevable, mais heureusement la fin est belle puisque un beau refrain vient
terminer ce morceau des plus surprenants.
Piste 3, "Winds over the Neo-Tokyo", un morceau d'ambiance qui dégage une atmosphère de mystère et d'immensité. Le morceau est une suite de sons rejoints par de grand roulement de tambours. Ce morceau accumule les sons et mélodies douces pour, au final, une montée crescendo qui laisse place à de
petites notes au synthétiseur.
On continue avec "Tetsuo",
une piste de 10 minutes en 4ème position. Cette piste s'apparente tout d'abord
à une musique à percussion de temple bouddhiste. Puis cette partie
s'achève pour laisser place à un moment très intriguant joué
par de simples carillons qui se superposent. Soudain, des chants viennent s'ajouter
à la composition, des chants mystérieux limite religieux. Puis le
carillon reprend la suite, le final de ce morceau est un assemblement des percussions,
carillons, chants étranges et tambours.
"Dolls' polyphony", 5ème piste, durant 3 minutes, ce morceau accumule
des bruits étranges plus ou moins chantés, puis mis sous forme de
canon. Cette piste finit justement sur ce canon de sons très étranges.
Je ne vous cache pas que cette piste paraît déroutant au début,
mais plus le morceau avance plus l'intérêt monte, car d'autres chants,
apparentés aux chants bouddhistes, viennent s'ajouter à cette composition.
La piste 6, "Shohmyoh", dure
plus de 10 minutes. Elle débute sur des chants d'hommes plus ou moins apparentés
aux chants des moines tibétains. Vers le milieu du morceau, de réels
chants tibétains apparaissent avec des percussions en guise de fond
musical. Le ton monte au fil du morceau tout comme l'intensité des percussions.
Le final du morceau s'apparente à une sorte de chant de transe.
On
arrive à la piste 7, "Mutation"
qui semble être la suite directe du morceau précédent. Cette piste dure 5 minutes et s'accélère sans arrêt jusqu'à ce
que les chants soient inaudibles puis le rythme lent repart. Mais vers la fin
du morceau, un chant a cappella magnifique prend le dessus, c'est très beau
pur et cristallin. Le morceau s'achève sur cette cantate a cappella presque
mystique.
La piste 8, "Exodus from the underground
fortress", change de style puisque nous avons droit à un morceau
à la guitare électrique mais assez doux. De plus, de petites notes
de musiques asiatiques et percussions divers viennent s'ajouter à cette
composition qui prend plus des airs de musiques traditionnelles japonaises que
rock. Le tout est bien géré puisque à la fin la guitare électrique
reprend le morceau et s'ajoute au reste. Un morceau à part qui nous change des
pistes précédentes.
On aborde la piste 9, "Illusion",
qui dure près de 14mn. Une introduction cristalline pour débuter
avec le son d'une flûte lointaine qui joue un air traditionnel japonais.
Puis quelques percussions, mais très douce, viennent rythmer le tout. Cela
ressemble fort aux musiques de théâtres japonais traditionnels (comme
les musiques de NO, par exemple). Puis quelques chants traditionnels japonais s'ajoutent,
pour donner une piste totalement nipponne dans l'esprit, ce qui tranche avec l'esprit néo-futuriste du film dont elle est tirée. En fait, on
a l'impression d'écouter une pièce de théâtre japonais
durant 14 minutes, et c'est agréable.
La dernière piste, "Requiem",
est sûrement l'une des plus énigmatiques… Elle dure 14'26" et commence par de grands coups de tambours, puis silence… C'est alors que débute
un chant interprété par des chœurs masculins et féminins.
Laissez-moi vous dire que ce passage est littéralement mystique, limite religieux.
Cette maîtrise des chants superposés en canon laisse alors place
à de l'orgue traditionnel d'église. Le morceau est vraiment apocalyptique
à souhait. Mais soudain, alors que l'orgue n'a pas finit son morceau, les
percussions augmentent vraiment fort et s'accélèrent. Le morceau
se poursuit donc avec chants, percussions et orgues. Les chants incantés
sont puissants, on a vraiment l'impression d'une invocation. Le calme revient
alors pour une partie de chants très beaux, puis les percussions ont leur
passage. Le final est un chant dont le ton baisse mais où des bruits de
déflagrations se font sentir. Ainsi s'achève le CD…
En conclusion, ce CD est plus que surprenant ! Il dégage une telle puissance que vous vous laisserez absorber par cette musique limite mystique malgré les préjugés que vous pouvez avoir. La plupart des pistes sont longues et ne se ressemblent pas, on a même l'impression d'entendre parfois plusieurs musiques alors qu'il s'agit d'une seule et même piste. Au final, il faut écouter cette bande originale au moins une fois car elle est vraiment unique en son genre. À se procurer d'urgence, vous n'en reviendrez pas.